Doux. « Une page va se tourner »

C’est le visage fermé que Nadine Hourmant, déléguée syndicale FO chez Doux, a quitté le CCE du volailler breton, ce mardi. La syndicaliste semble très pessimiste quant à l’avenir de l’entreprise. Elle assure cependant que les syndicats ne lâcheront rien dans le combat social qui semble s’annoncer.

« C’est l’avenir de Doux et de ses 1.200 salariés qui est en jeu. Une page va se tourner. On passe ou on ne passe pas. » Ces quelques phrases, prononcées par Nadine Hourmant, le visage très fermé, ce mardi, à l’issue du comité central d’entreprise du volailler châteaulinois, sont sans ambiguïté.

« Des transformations sur l’ensemble des sites »

L’objectif de ce CCE était d’informer les salariés de l’avancement du plan de transformation du modèle économique de Doux. Un plan chiffré à 100 M€ et nécessaire à la survie de l’entreprise, filiale de Terrena (Le Télégramme du 12 février). Il se traduira, selon Nadine Hourmant, par des changements radicaux dans l’organisation de l’entreprise bretonne. « Il y aura des transformations sociales importantes, sur l’ensemble des sites industriels », avance la syndicaliste.

« Pour le moment, ce n’est pas la volonté des dirigeants de licencier ou de démanteler, mais cela s’annonce inévitable, si l’on veut transformer le modèle économique », poursuit Nadine Hourmant, rappelant que Force Ouvrière « demande de repartir à la conquête du marché français depuis de nombreuses années. La transformation du produit aurait déjà dû être faite depuis longtemps ». Une condamnation de la politique économique menée par les anciens dirigeants de Doux, « toujours au détriment des mêmes personnes, les salariés, qui sont en souffrance ».

Nadine Hourmant évoque d’ailleurs une « ambiance pesante au sein de l’entreprise. Il y a de la pression. Les salariés sont fatigués et c’est normal. Les plans de sauvegarde de l’emploi ont commencé avant 2000 ! Aujourd’hui, ils attendent de savoir de quoi leur avenir sera fait ». Les négociations avec une entreprise ukrainienne se poursuivent. Celle-ci serait intéressée par les sites bretons, moins par l’abattoir de Chantonnay, en Vendée.

Un nouveau CCE le 13 mars

L’avenir du groupe dépend aussi lourdement, selon la déléguée FO, de la réponse des pouvoirs publics. « J’en appelle à eux, oui. Nous sommes toujours devant le mur. Est-ce qu’on fonce dedans ou est-ce qu’on l’évite ? ». Une autre façon de dire que Doux n’obtiendra pas les 100 M€ nécessaires à son plan de transformation sans que l’État ne mette la main à la poche. Quant aux différentes options présentées par la direction lors du CCE, hier, « aucune d’entre elles ne nous satisfera », annonce déjà Nadine Hourmant.

« Il ne faut pas venir se féliciter en grande pompe du redressement de Doux pour que l’on connaisse quelques mois plus tard une nouvelle casse sociale. Mais on ne saura le fin mot de l’histoire qu’à la fin mars, date de l’ultimatum fixé par les actionnaires pour ce plan de transformation. Un autre CCE se déroulera le 13 mars », précise-t-elle. D’ici là, pas de grève ou de débrayage de prévus. « Nos salaires n’ont pas été augmentés depuis trois ans alors ce n’est pas envisageable ». Mais la Pleybennoise s’affirme déterminée. « On va s’amuser », ironise-t-elle en conclusion.

© Le Télégrammehttp://www.letelegramme.fr/economie/doux-une-page-va-se-tourner-14-02-2018-11850921.php#4zGbBXReoQ3qk25o.99

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