Des traces de pesticides et de désinfectants retrouvés dans des œufs bio aux Pays-Bas: “On s’attend à un autre scandale alimentaire”

Il y a presque un an des milliers d’œufs contaminés au fipronil étaient retirés de la vente. Les lots concernés proviennent principalement d’élevages en cage et au sol les élevages biologique étaient alors épargnés. De nouveaux rapports indiquent qu’au Pays-Bas, 60 élevages bio ont utilisé des pesticides et désinfectants non autorisés dans la chaîne alimentaire.

Une soixantaine d’élevages de volaille produisant des œufs biologiques aux Pays-Bas ont utilisé une quinzaine de produits pesticides et désinfectants non autorisés, a révélé samedi l’association Foodwatch, un an après le vaste scandale sanitaire des oeufs contaminés au fipronil.

La crise des oeufs contaminés s’est répandue en Europe en août 2017 après la découverte de la contamination au fipronil, un insecticide animal de compagnie dont l’utilisation est interdite dans l’Union européenne sur les animaux destinés à la chaîne alimentaire. Des dizaines de millions d’oeufs avaient été détruits et retirés des rayons dans les supermarchés à travers l’Europe, l’affaire ayant même atteint Hong Kong. Or, pour Foodwatch, le fipronil n’est que “le sommet de l’iceberg”.

L’organisme militant pour une “alimentation saine, honnête et sûre” a publié samedi les rapports d’inspection du superviseur Skal Biocontrole auprès de 250 fermes d’oeufs biologiques, datant de janvier 2016 à février 2018, soit avant et après la crise du fipronil. Alors que les rapports émis jusqu’à l’été dernier stipulent que les élevages répondaient aux exigences biologiques, de nouvelles “inspections ciblées” menées par Skal à partir de 2017, après le scandale des oeufs contaminés et la fermeture d’élevages aux Pays-Bas, ont révélé l’utilisation de fipronil et d’autres produits interdits, explique l’association.

“Il semble que les inspections régulières aient été plutôt superficielles”

L’instance de contrôle fait alors état d’insecticides ou des désinfectants comme MenthoBoast, MiteClean, CID 20, Kilcox, Virocid, Inciprop Extra, Kickstart, M50Q et Macrodes, dont l’usage n’est pas permis par le Conseil néerlandais pour l’autorisation des produits phytosanitaires et biocides. “Il semble que les inspections régulières avant la crise du fipronil aient été plutôt superficielles”, a commenté la chercheuse de Foodwatch Corinne Cornelisse, citée par l’agence de presse néerlandaise ANP.

“Les inspecteurs ont échoué. Ils sont venus dans toutes les entreprises et auraient dû le remarquer.”L’organisme plaide pour une audition de la ministre de l’Agriculture et de la Qualité alimentaire Carola Schouten devant la chambre basse du parlement. “Si le contrôle ne s’améliore pas, on s’attend à un autre scandale alimentaire”, a précisé Foodwatch.

L’instance de contrôle Skal n’était pas joignable samedi soir. Les conclusions de l’enquête de la commission spéciale sur le scandale du fipronil aux Pays-Bas devraient être publiées fin juin, d’après RTL Nieuws. Environ 73.000 oeufs en provenance des Pays-Bas et contaminés au fipronil ont été rappelés mardi en Allemagne.

Qui dit oeufs contaminés, dit contamination importante de la chaîne alimentaire

“Si vous regardez toutes les grandes crises alimentaires en Europe souvent, on retrouve l’œuf, parce que dès que vous donnez à une poule une substance toxique, elle élimine ça dans l’œuf, et on a une contamination de l’œuf. Comme l’œuf est utilisé dans toute une série d’autres produits, de dérivés, vous avez une contamination importante de la chaîne alimentaire, difficile à gérer”, explique Alfred Bernard, professeur de toxicologie à l’UCL.

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